Qui sommes-nous?
À Contre-Courant (MACC) est un club aquatique inclusif, ouvert à toutes et tous sans discrimination. Ses statuts précisent qu’il s’engage à accepter toute personne, « quels que soient son orientation sexuelle, son sexe, son origine ethnique, ses croyances politiques ou religieuses, ses incapacités physiques ou son état sérologique ». Le refus de toute forme de discrimination est en effet l’un des principes fondateurs du club.
Les activités d’ACC comprennent la natation et le water-polo. Chaque discipline est placée sous la supervision d’entraîneurs qualifiés, et le club est affilié pour chacune d’elle à la fédération sportive qui en réglemente la pratique (Fédération de natation du Québec et Fédération de water-polo du Québec).
ACC est également membre d’Équipe Montréal, regroupement des équipes sportives gaies et lesbiennes de la région montréalaise, ainsi que de l’International Gay and Lesbian Aquatics (IGLA).
Depuis sa fondation, en 1990, À Contre-Courant s’est taillé une place de choix dans le monde des sports aquatiques au Québec. Il a notamment acquis, au fil des années, une réputation enviable pour ce qui est de la mise sur pied de rencontres sportives. Même si beaucoup de ses membres s’entraînent d’abord et avant tout pour garder la forme, les compétitions – qu’il s’agisse d’y prendre part ou d’en organiser – représentent en effet un volet important des activités du club. Par ailleurs, l’implication de ce dernier au sein de la communauté gaie et lesbienne ainsi que les liens d’amitié et de solidarité qu’il contribue à créer entre ses membres font qu’À Contre-Courant est beaucoup plus qu’un simple club sportif.
Notre mission
Même si À Contre-Courant ressemble à tous les autres clubs de maîtres, son nom indique bien sa volonté de répondre à une vocation particulière. En effet, il s’agit du seul club du genre au Québec qui soit destiné en priorité aux athlètes gais et lesbiennes.
La mission que s’est donnée ACC consiste à « promouvoir le bien-être de ses membres par la pratique des activités aquatiques, à encourager l’estime de soi et l’affirmation des gais et lesbiennes, à favoriser la compréhension mutuelle et les échanges entre les individus et à contribuer au rayonnement de la communauté gaie et lesbienne. » (extrait des Règlements généraux adoptés le 4 mars 1995)
Une assemblée générale a lieu une fois par année afin notamment d’élire un conseil d’administration. Celui-ci, qui peut comporter jusqu’à neuf membres, est chargé de veiller à la bonne marche des activités du club ainsi que de promouvoir la poursuite de ses objectifs.
Historique
C’est à la suite de leur participation aux Gay Games III, à Vancouver en 1990, qu’Yves Leclerc et Sylvain Dugas sentent le besoin de former un club de natation gai à Montréal. Dominique Lampron (qui en sera président pendant 10 ans) se joint bientôt à eux, et le club est fondé le 27 octobre 1990, sous le nom de Montréal Équipe Natation (M.E.N). Le nom actuel, plus inclusif, sera adopté le 22 octobre 1994.
La toute première séance d’entraînement réunit à peine 8 nageurs. Dès la fin de sa première année d’existence, toutefois, le club compte 60 adhérents. En 1993-1994, avec 88 inscriptions, il est le troisième club de maîtres nageurs en importance au Québec. Depuis, il n’a cessé de se maintenir en tête du peloton quant à la taille des effectifs. Au 31 août 1999, il atteignait un sommet avec 150 nageurs et nageuses affiliés, ce qui en faisait cette année-là la plus grosse équipe du réseau provincial.
Au début, les activités du club se limitent à une séance d’entraînement de natation par semaine, le samedi. Les entraînements du mardi et du jeudi viennent s’ajouter en janvier 1993, celui du mercredi en septembre 1994, et enfin celui du lundi à l’automne 1998.
Le water-polo fait ses débuts à l’hiver 1992. Le volet plongeon, qui a d’abord existé de manière informelle, devient officiel en décembre 1993. La nage synchronisée a vu le jour en mars 1994 et le triathlon, enfin, est lancé à l’automne 2006.
En mars 1995, la Ville de Montréal, sous l’égide de qui ont alors lieu les entraînements d’À Contre-Courant en semaine, reconnaît officiellement l’existence du club. Lorsque l’administration municipale, en septembre 1999, se désengage de la gestion des activités récréatives, ces dernières sont placées, à la piscine du cégep du Vieux-Montréal, sous l’entière responsabilité d’ACC, qui agit dès lors à titre de partenaire de la Ville.
Un engagement social
En plus de la pratique du sport, À Contre-Courant tient à offrir à ses membres un espace chaleureux et convivial placé sous le signe de la camaraderie. La tradition s’est ainsi installée, depuis le début ou presque, d’aller en groupe manger au restaurant après l’entraînement de natation du samedi soir. Le club organise aussi, à l’occasion, des activités sociales et de financement.
ACC manifeste sa solidarité avec la communauté gaie et lesbienne en prenant part à certaines manifestations comme le défilé de Divers/Cité, ou encore en organisant chaque année, depuis 1996, le nagethon Eau vive, destiné à recueillir des fonds au profit des organismes d’aide aux victimes du VIH/sida. L’engagement d’À Contre-Courant a été reconnu de diverses façons, tant dans le milieu de la natation québécoise que dans le milieu gai et lesbien.
La majorité des membres d’ACC s’impliquent dans la vie du club et participent, à titre bénévole, à la mise sur pied de l’une ou l’autre de ses activités, lui permettant ainsi de continuer à remplir sa mission. Le bénévolat constitue véritablement le coeur d’À Contre-Courant, et la générosité de ses adhérents en la matière mérite d’être saluée avec reconnaissance.
Un témoignage
« Ici par hasard »
Imaginez pour un instant, si vous le pouvez, que vous êtes une jeune femme australienne. Vous arrivez au Québec en février 1994. Il fait -20ºC. Les Australiennes ne croient pas aux -20ºC, elles pensent que c’est comme le Père Noël ou le Yéti, ça n’existe pas vraiment. Il faisait froid en ce mois de février. Et puis, j’ai essayé d’apprendre le français. C’est bien difficile d’apprendre le français à Montréal, tout le monde parle anglais, sauf quand ils parlent entre eux, et puis ils parlent trop vite. Donc je me suis ennuyée un bon bout de temps au Québec.
Finalement, j’ai trouvé un groupe de gens accueillants, c’était une équipe de water-polo au cégep du Vieux, décrite dans les activités de la Ville de Montréal. Là, Dominique et Brian m’ont enseigné comment jouer au water-polo (je n’avais jamais joué avant), Adriaan et Gérard m’ont enseigné la salutation québécoise, un bec sur les deux joues, et le monde avait la patience de me parler en français. Quand j’étais en retard, des gens criaient «Bonjour Lindy» de l’eau, et je sentais que j’appartenais au groupe. Il me semblait qu’il n’y avait pas assez de vendredis dans une semaine. Parfois, le samedi matin, quand je pensais : «Qu’est-ce qu’il y a de bon dans ma vie?», la réponse était : «Vendredi, je peux jouer au water-polo.»
Et puis j’ai découvert que c’était un club gai.
- Et samedi, c’est le club gai, m’a expliqué Jean-Yves.
- C’est QUOI?! Est-ce que j’ai bien compris? Est-ce que «gai» veut dire la même chose en français qu’en anglais?
Vous pouvez m’imaginer avec les yeux grands et la bouche ouverte. L’idée d’un club sportif gai était totalement nouvelle pour moi. Je n’avais aucune idée qu’il existait une communauté gaie en dehors des bars, des saunas et des organisations pour le sida. Après coup, j’étais soulagée que Jean-Yves lui-même soit hétéro, parce que j’étais tellement étonnée.
Est-ce que ça a fait une différence? Pas vraiment. Il est assez évident que plusieurs membres de l’équipe sont gais, donc savoir que le club est officiellement fait ne change rien. Peut-être que si je l’avais su la première semaine, j’aurais cherché un autre club, j’aurais pensé que ce n’était pas pour moi (j’avais mes stéréotypes, comme tout le monde). Je suis contente que je ne l’ai pas su parce que je n’aurais jamais trouvé un autre groupe aussi gentil. Je crois qu’une des raisons qu’À Contre-Courant soit un si bon club est que son objet est la participation et le sens de communauté plutôt que gagner des compétitions. Maintenant je comprends aussi l’importance de la première question de Dominique : «Comment as-tu appris l’existence du club?» (Fugues ou la Ville de Montréal?) J’ai même eu l’occasion de la poser moi-même.
Je trouve que c’est une bonne blague que j’ai été membre d’un club gai pendant neuf mois sans le savoir, et je la raconte à la moindre occasion. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’occasion, non plus, pour raconter avec quel club extraordinaire (dans le meilleur sens du mot) je nage. Mon club de water-polo est encore la chose la plus importante pour moi au Canada, et même plus depuis j’ai commencé à nager aussi.
En juin, je retournerai en Australie, et j’ai un dilemme : est-ce que je chercherai dans la communauté gaie pour une équipe de water-polo? Je pense que non. Je pense que vous êtes uniques. Quand je serai partie, deux choses à Montréal vont me manquer : À Contre-Courant et les bagels. Donc, quand vous viendrez me visiter, apportez-en! Mais j’aurai hâte de vous voir, même sans des bagels!
Lindy C.
(«À coeur ouvert», eAU COURANTe, mai 1996)